C'est sur une table de cuisine qu'enfant, je faisais mes devoirs. J'avais une chambre très accueillante mais je préférais partager avec ma mère l'ambiance de la préparation du dîner, les bruits, les effluves... Elle avait fréquenté la célèbre école hôtelière de Lausanne, ce qui faisait d'elle une cuisinière avertie et novatrice. Je dois avouer que je passais plus de temps à la regarder faire qu'à réviser Thales ou Pythagore. Mes premiers courageux cobayes furent mon frère et mes amis que je conviais à déguster mes expérimentations dès que la cuisine m'appartenait, c'est à dire dès que mes parents sortaient. Plutôt que d'essayer de reproduire la cuisine maternelle, sommet alors inenvisageable, je m'essayais dans des créations « spéciales ados », bourrées de calories et de bonne volonté. Mon public indulgent me bombarda donc « cuisinier de la bande », celui qui ose le hamburger à la moelle nappé de sa réduction d'échalotes et Beaujolais ! |
C'est ainsi que j'ai fait mes classes avant de m'affranchir de mes « maîtres ». Mais, malgré ces libertés que procure l'expérience, une blanquette doit, à mes yeux, rester une blanquette, même si j'y ajoute quelques variantes personnelles. Ma cuisine ne se veut ni révolutionnaire, ni fusionnelle, seulement authentique et goûteuse. Si elle peut réveiller en chacun une émotion, un souvenir et, pourquoi pas, en créer de nouveaux, alors, j'en suis heureux... et Mamie aussi ! Stéphane Favresse
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